Ave Maria

John marchait un couteau à la main, ses vêtements étaient tâchés et ses semelles laissaient des empreintes ensanglantées que n'importe quel quidam aurait pu suivre, à ses risques et périls. Il ricanait, marmonnait des mots incompréhensibles et avait d'étranges spasmes sporadiques qui rendaient ses gestes aussi dangereux qu'imprévisibles. Son couteau sanguinolent tranchait ainsi le vide à mesure qu'il déambulait dans les artères de la ville mais John n'en avait pas conscience. Son esprit malade lui faisait voir des silhouettes belliqueuses tout autour de lui et il ne faisait que se protéger de menaces que seul lui pouvait voir. Les rues étaient presque désertes en cette nuit d'automne mais les quelques passants qui croisèrent sa route se retrouvèrent tailladés, parfois assassinés. On pouvait comprendre distinctement au milieu de ses inintelligibles  marmonnements un nom qu'il répétait encore et encore : Maria. Il ne cessait de le murmurer à trois reprise puis le hurlait une fois avant de rire à gorge déployée. Un rire qui aurait glacé le sang du plus téméraire des hommes.

Sa démarche devint de plus en plus saccadée à cause de ses soubresauts qui l'agitaient de plus en plus. Sa macabre ballade le mena jusqu'à une petite maison de village du centre-ville. Il cogna à plusieurs reprises avec sa tête à la porte; de plus en plus fort, au point de commencer à saigner. Ses coups incessants résonnèrent à l'intérieur de la demeure et réveillèrent l'homme qui y dormait

- C'est quoi ce bordel ?! hurla t-il en ouvrant la porte

L'homme fut si surpris de voir John plein de sang lui rire au nez qu'il n'eut le temps de prononcer le moindre mot que la lame s'enfonça à de nombreuses reprises dans son corps. A chaque coup porté, John hurlait le nom de sa bien-aimée, en alternant rires et sanglots. Après avoir asséné une vingtaine de coups, John laissa tomber le corps de sa dernière victime, entra dans la demeure, se rendit dans le salon et frappa de son front le mur en implorant et pleurant Maria.